Nicolas Hulot nous parle de TWAM
On ne le présente plus. Régulièrement sur le podium des personnalités préférées des Français, animateur vedette pendant 25 ans de l’émission « Ushuaia », ambassadeur pour la protection de la planète via sa fondation et aujourd’hui en mission diplomatique pour le gouvernement en vue du sommet pour l’environnement de fin 2015 à Paris, Nicolas Hulot est connu de tous en France.
Intervenant au festival de l’aventure des Angles dans les Pyrénées, il nous a fait l’honneur d’accepter de répondre à nos questions et de donner son avis sur TWAM. Morceaux choisis.
TWAM : Monsieur Hulot, merci de prendre le temps pour répondre à nos questions. Comment définissez-vous la responsabilité du voyageur ?
Je crois que la première des responsabilités pour le voyageur est de ne pas laisser sa conscience derrière soi. Pour moi, ce qui différencie le voyageur du touriste, c’est que le voyageur ne se départit pas de sa conscience au prétexte qu’il est éloigné de son lieu de vie. Quand je parle de conscience, je parle surtout du respect infaillible que doit avoir le voyageur, que ce soit auprès des personnes rencontrées ou des écosystèmes… Je crois que cette conscience doit être même encore plus forte que lorsqu’on est près de chez soi. Lorsqu’on voyage, il est indispensable de toujours se poser la question des conséquences de chacun des actes réalisés ou paroles prononcées.
Autre chose : je crois que lorsqu’on voyage, il est nécessaire de toujours garder à l’esprit que nous ne sommes pas universels et les autres ne sont pas singuliers. Chacun a ses différences et cela est une réelle richesse. Il ne faut surtout pas à mon sens poser un regard supérieur sur certaines populations. Beaucoup ont tendance à croire qu’ils sont en haut de l’échelle et les autres en bas, à poser un regard condescendant. Cela ça me dérange. Chacun a sa propre histoire, sa propre intelligence.
Voilà pour moi les choses les plus importantes sur la responsabilité du voyageur. Après, chaque voyageur est libre de donner la dimension qu’il souhaite à son parcours. Certains veulent simplement découvrir, apprendre, dialoguer… et je trouve cela très bien. D’autres veulent se rendre utile en partageant, donnant, transmettre, etc.… et c’est encore mieux si cela est fait comme il se doit, c’est à dire en respectant les populations locales et en se posant les bonnes questions sur l’impact à long terme des activités réalisées…
Travel With A Mission est un site favorisant la rencontre entre individus souhaitant partager un savoir, une compétence ou une expérience (les Twamers) et individus, issus d’une ou plusieurs institutions (écoles, universités, centres communautaires, hôpitaux, etc.) souhaitant leur offrir un public (les Twamhosts). Par exemple, si un voyageur souhaite promouvoir les énergies alternatives ou le recyclage des déchets, le site l’aidera à rentrer en contact avec des institutions prêtes à le recevoir. Que pensez-vous de ce site et du Twaming, ce nouveau type de tourisme encourageant l’intervention et l’échange avec les populations locales ?
Je crois qu’un site comme Travel With A Mission est l’exemple même d’un outil utile car il facilite la rencontre entre une offre et une demande et qu’il peut permettre un gros impact sociétal. Le monde a besoin de ce genre d’outils. Tout cela bien sûr à condition bien sûr qu’il soit accompagné d’un certain nombre de règles éthiques mais il me semble que ce soit le cas (cf. voir valeurs et système de références).
Pensez-vous que les voyageurs peuvent changer le monde ?
Oui, chacun d’entre nous, voyageur ou non, peut participer à changer le monde, chacun à sa mesure. Je crois cependant qu’il n’est pas nécessaire d’agir en se disant qu’on change le monde. Chaque personne ayant un minimum de conscience se rendra vite compte des besoins existants dans différents domaines à travers la planète. Il appartient ensuite à chacun de se poser la question de la responsabilité de chaque personne éduquée.
Un dernier mot ?
Étanchez votre soif de voyage mais n’hésitez pas à faire votre possible pour vous rendre utile pour la planète, elle en a bien besoin. Vous verrez vite que lorsqu’on donne, on reçoit généralement autant sous d’autres formes. Bon courage à tous les Twamers et Twamhosts !